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Page:Hallays - Beaumarchais, 1897.djvu/190

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BEAUMARCHAIS.

la poésie doit être la fille obéissante de la musique. Rossini revient à la première partie d’un air après qu’il en a dit la seconde — procédé que Beaumarchais avait qualifié d’absurde. Et ce sont Mozart et Rossini qui ont répandu la gloire de Beaumarchais par delà les limites étroites d’une littérature ; ce sont eux qui ont assuré à Figaro cette renommée universelle que, seuls, les chefs-d’œuvre de la musique peuvent donner aux personnages de la fiction.

« Ambitieux par vanité, laborieux par nécessité, mais paresseux… avec délices ! orateur selon le danger, poète par délassement, musicien par occasion, amoureux par folles bouffées ; j’ai tout vu, tout fait, tout usé. » Telle a été la destinée de Figaro, telle aussi la destinée de Beaumarchais.

« Ambitieux par vanité », — qui le fut davantage que le fils de l’horloger Caron ? À la cour, en Espagne, sur toutes les routes de l’Europe, c’est l’ambition qui le mène, et, comme il est léger de scrupules, elle le mène loin, — trop loin. Car, s’il acquiert la fortune, il perd l’estime publique.

« Laborieux par nécessité », il accommode son intelligence souple et diverse à toutes les tâches. Il mène tout de front et se délasse d’un travail par un autre. Il « ferme un tiroir » — ce sont ses propres expressions — pour en ouvrir un second, puis le