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Page:Hallays - Beaumarchais, 1897.djvu/191

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SES MÉMOIRES ET SON THÉÂTRE.

ferme pour revenir au premier. Son activité est prodigieuse. Il écrit des drames, des comédies, un opéra, des mémoires judiciaires, politiques, financiers, diplomatiques ; et, en même temps, il intrigue, spécule et trafique.

« Paresseux avec délices », — il n’a guère le temps, dans sa vie affairée, de s’abandonner à son penchant ; jeune, l’ambition le stimule ; vieux, la calomnie et la persécution s’acharnent après lui et le relancent dans la retraite qu’il s’est préparée pour ses derniers jours. Mais il ne ment pas : aux rares moments de répit que lui laisse son orageuse destinée, il s’enferme dans son intérieur, s’y plaît et s’y repose.

« Orateur selon le danger », — il a, lorsque l’opinion publique le porte et le seconde, des accents d’éloquence que nul plaideur de profession n’a jamais trouvés à la barre. Il est un des maîtres du sarcasme et de l’ironie. Sa verve décline avec l’âge. Mais son habileté d’avocat reste toujours incomparable ; et le courage qu’il montre en ses derniers mémoires fait oublier la sénilité de la forme.

« Poète par délassement », — poète détestable dans Tarare, poète médiocre dans ses drames, mais poète charmant dans deux comédies qui sont comme la fleur de son esprit.

« Musicien par occasion », — sa musique ne lui rapporte pas beaucoup de gloire ; elle fait mieux :