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Page:Hallays - Beaumarchais, 1897.djvu/192

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BEAUMARCHAIS.

elle lui donne la fortune. C’est en jouant de la harpe qu’il plaît aux filles de Louis XV et c’est à leur musicien que Mesdames assurent le patronage de Paris-Duverney.

« Amoureux par folles bouffées », — il a, pour se faire aimer, la fantaisie de son imagination, avec le charme de son visage mobile et de son regard passionné ; et toutes l’ont aimé : maîtresses et épouses.

Il a « tout fait » : de bonnes et de mauvaises actions, de méchants drames et de belles comédies, de la finance et de la police, des procès et des chansons.

Il a « tout vu » : Chonchon tutoyant La France, Franklin mystifiant l’Europe, Marie-Antoinette jouant Rosine, les patriotes démolissant la Bastille, l’agonie d’une monarchie, les fureurs d’une révolution et Talleyrand ministre.

Il a « tout usé » : sa vie, en ne mesurant jamais l’énergie de l’effort à l’utilité de la tâche ; sa conscience, en s’abaissant à toutes les besognes ; son talent même, en s’aveuglant trop souvent sur ses propres aptitudes ; — tout, sauf son esprit et sa gaîté. Rien ne les put jamais entamer. Et voici qu’un siècle a passé sans en diminuer le joyeux éclat : ils ont un air d’immortalité.

FIN