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Page:Hallays - Beaumarchais, 1897.djvu/23

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SA VIE ET SES AVENTURES.

refusèrent d’admettre parmi eux un ancien horloger. Beaumarchais eut beau mettre tous ses protecteurs en campagne et répondre aux grands maîtres, dans un mémoire amusant, qu’ils avaient tort d’être si vains de leur extraction, puisque le premier d’entre eux était fils d’un perruquier, le second d’un cardeur de laine, le troisième d’un brocanteur juif, le quatrième d’un boutonnier : il échoua et dut se rejeter sur la charge de lieutenant général des chasses aux bailliage et capitainerie de la varenne du Louvre. En cette qualité, il jugeait tous ceux qui, dans un rayon de quinze lieues autour de Paris, portaient atteinte aux plaisirs du roi. Rimant une épître au chevalier de Gonti, il se peignait lui-même, siégeant sur les lis :

Car tu m’as vu, sur les nobles gradins,
Séant au Louvre, en ce royal domaine,
Grave Minos de sa varenne,
Consacrer d’ennuyeux matins
À juger les pâles lapins
Et les maraudeurs de la plaine.

Beaumarchais-Bridoison ! Nous avons déjà vu Beaumarchais-Chérubin ! Nous allons voir maintenant Beaumarchais-Figaro parcourant les Espagnes.

« De l’intrigue et de l’argent, te voilà dans ta sphère ! » — L’argent, c’est Duverney qui le fournit : 200 000 francs en billets au porteur. Quant à l’intrigue, elle est à la fois politique, amoureuse, finan-