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Page:Hallays - Beaumarchais, 1897.djvu/48

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BEAUMARCHAIS.

baïonnette au fusil ; et on lui déclare qu’il est prisonnier d’État. Sa captivité dure trente et un jours.

Pendant ce temps, Kaunitz ordonne une enquête sur le singulier personnage et ses singulières aventures. On en apprend de belles ! On apprend que le juif Angelucci pourrait bien n’avoir jamais existé que dans la féconde imagination de Beaumarchais ; on apprend que l’histoire des brigands de la forêt est un roman ; on apprend que les affreuses blessures qui ont mis en péril la vie du diplomate héroïque ne sont que deux simples éraflures que lui-même s’est faites avec son rasoir, pour donner de la vraisemblance à son conte et du prix à ses services. Consilio manuque Figaro.

Et maintenant on peut savourer l’impudente drôlerie des lettres interminables qu’il écrivait à ses amis, en naviguant sur le Danube, dans les affres de la mort ! Ce n’est même plus ici Figaro, c’est Scapin « la tête entourée de linges, comme s’il avait été bien blessé ».

Après toutes ces révélations, Kaunitz alla jusqu’à supposer que M. de Ronac aurait bien pu fabriquer lui-même le libelle dont il avait négocié le rachat. Sans doute, les effrontés mensonges de Beaumarchais, l’impossibilité de retrouver nulle part la trace du juif mystérieux, et bien d’autres circonstances très louches autorisaient le soupçon. Mais aucune