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Page:Hallays - Beaumarchais, 1897.djvu/49

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SA VIE ET SES AVENTURES.

preuve directe et précise n’a jamais confirmé l’hypothèse de Kaunitz.

Instruit par M. de Mercy, ambassadeur de l’impératrice à Paris, M. de Sartine plaida la cause du prisonnier de Vienne. Au fond, il n’avait aucune illusion sur les fourberies de Beaumarchais. Mais celui-ci était son homme, il avait lié partie avec lui. « Il me semble dans cette affaire, écrivit Kaunitz à Mercy, qu’à la morale très relâchée de M. de Sartine se joint encore l’intérêt personnel qu’il peut avoir à éviter les reproches très fondés qu’on serait en droit de lui faire, d’avoir donné au roi pour l’exécution d’une commission si délicate un sujet comme M. de Beaumarchais et que là pourrait bien être la principale raison qui l’engage non seulement à l’excuser, mais à entreprendre même sa défense. » On a été, depuis, jusqu’à conjecturer que M. de Sartine savait mieux que personne d’où sortait le libelle et que M. de Ronac n’avait fait que jouer un rôle dans une comédie de police — conjecture vraisemblable, plus vraisemblable peut-être que celle de Kaunitz, mais simple conjecture.

Du moment que le gouvernement français couvrait son agent, il ne restait plus à Kaunitz qu’à ordonner l’élargissement du prisonnier. Pour lui faire oublier les désagréments de son séjour à Vienne, on voulut même lui donner en présent mille ducats. Il les repoussa avec une belle dignité.