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Page:Hallays - Beaumarchais, 1897.djvu/56

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BEAUMARCHAIS.

marchais avait entamé les premières négociations. Cet Américain, jaloux et défiant, fut blessé d’avoir été relégué au second plan par l’arrivée de Silas Deane. Il s’en vengea en informant le congrès que Deane et Beaumarchais s’entendaient pour le tromper et transformer en une opération commerciale ce qui, dans les intentions du ministère français, devait être un secours gratuit. Cette calomnie fut le point de départ de tous les embarras et de tous les déboires que Beaumarchais éprouva par la suite.

La maison Rodrigue Hortalez et Cie fréta trois navires qui, malgré la surveillance de la flotte anglaise, débarquèrent en Amérique de la poudre, des fusils, des canons et quelques officiers français. Mais elle attendit vainement les retours en nature promis par le congrès. Son crédit fut vite épuisé, et elle était sur le point de faire banqueroute quand Beaumarchais obtint de Vergennes une nouvelle subvention d’un million.

Avec une merveilleuse ardeur il réunit une nouvelle flottille de commerce et arma un grand navire, le Fier Rodrigue, qui devait emporter cent canons de bronze, des couvertures, des vêtements et des munitions. Ce vaisseau allait quitter Bordeaux, lorsque survint, nouveau contretemps, un ordre du roi interdisant au Fier Rodrigue la sortie du port : la guerre n’était pas déclarée à l’Angleterre ; on reculait devant cet acte trop flagrant d’hostilité. Alors