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Page:Hallays - Beaumarchais, 1897.djvu/55

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SA VIE ET SES AVENTURES.

Scaliger et Grotius. Cependant, à mesure que les événements se précipitent, ses considérations deviennent plus précises et plus pratiques. Il déconseille tout éclat qui mettrait la France aux prises avec l’Angleterre ; mais il supplie qu’on fasse parvenir en secret des secours aux insurgents.

On écouta ses conseils et on lui permit d’organiser cette sorte d’alliance clandestine. Sans que le gouvernement français fût engagé dans l’affaire, Beaumarchais se chargea de monter, à ses risques et périls, une maison de commerce : il devait ainsi fournir aux Américains des armes et des munitions. Ceux-ci, en échange, devaient lui remettre des marchandises, du tabac et du coton. Mais comme, pour ce trafic, des navires étaient nécessaires, et comme, d’autre part, les cargaisons américaines pouvaient se faire attendre, il lui fallait beaucoup d’argent. Il reçut donc un million de Vergennes et un million du gouvernement espagnol qui marchait d’accord avec la France. Cette double subvention était tenue secrète.

Une compagnie fut ainsi fondée sous le nom de Rodrigue Hortalez et Cie. Ses bureaux étaient à Paris, dans l’hôtel de Hollande, rue Vieille-du-Temple. Elle traita avec Silas Deane, agent autorisé des insurgents à Paris, et prépara ses premiers envois. Malheureusement il y avait alors à Paris un autre délégué du congrès, Arthur Lee, avec lequel Beau-

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