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Page:Hallays - Beaumarchais, 1897.djvu/62

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BEAUMARCHAIS.

par le théâtre. Enfin la Comédie confisquait à son profit toute pièce dont la recette tombait une seule fois au-dessous de 1 200 livres en hiver et de 800 livres en été. La conséquence de toutes ces spoliations était d’écarter de la Comédie-Française les auteurs qui savaient trouver un meilleur traitement à la Comédie-Italienne.

Beaumarchais eut quelque mérite à prendre la défense de ses confrères, car il était riche et le théâtre n’était pour lui qu’un délassement d’amateur.

À la trente-deuxième représentation du Barbier de Séville, il réclama le compte de ses droits d’auteur : on le lui remit sans aucune justification. Il refusa cette « cote mal taillée » et exigea un règlement, où seraient indiqués tous les éléments des recettes sur lesquelles sa part était prélevée. Les comédiens, qui ne se souciaient pas d’ouvrir leurs livres, firent la sourde oreille.

Bien que soutenu au début par les ducs de Duras et de Richelieu, gentilshommes de la chambre, il sentit que, seul, il allait perdre la partie et voulut s’assurer le concours des autres auteurs. Le 3 juillet 1777, il les pria donc « d’agréer sa soupe », et inter pocula on tint, selon l’expression de Chamfort, « les premiers états généraux de la littérature dramatique ». Quelques auteurs refusèrent de prendre part à la coalition : La Harpe ne voulait se rencontrer ni avec Dorat ni avec Sauvigny ; Collé se