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Page:Hallays - Beaumarchais, 1897.djvu/63

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SA VIE ET SES AVENTURES.

trouvait « vieux et dégoûté jusqu’à la nausée de cette chère troupe royale » ; Poinsinet de Sivry était détenu pour dettes au For-l’Évêque ; Diderot doutait du succès d’une pareille entreprise : « Je crains bien, écrivait-il, qu’il soit plus difficile de venir à bout d’une troupe de comédiens que d’un parlement ». Cependant vingt-trois convives étaient réunis au souper de Beaumarchais ; le « bureau dramatique » fut constitué et la guerre commença sous les ordres de l’auteur du Barbier.

Elle dura quatre ans. Défections d’écrivains envieux et sournois, intrigues des comédiens habilement dirigés par l’avocat Gerbier, faiblesses et tergiversations des gentilshommes de la chambre, Beaumarchais triompha de tout à force de ténacité et de belle humeur. Le Compte rendu où il a conté cette terrible campagne est un joli tableau des mœurs de la cour et de la Comédie.

Un arrêt du Conseil d’État du 9 décembre 1780 trancha provisoirement le différend : les auteurs recevaient un septième de la recette, mais de la recette réelle du théâtre ; en revanche, les comédiens avaient le droit de s’approprier toute pièce qui tombait au-dessous de 2 300 livres en hiver et 1 800 livres en été.

Cette demi-satisfaction obtenue, la Société des auteurs dramatiques continua de se réunir. Beaumarchais demeura son président. Jusqu’à la fin de