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Page:Hallays - Beaumarchais, 1897.djvu/67

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SA VIE ET SES AVENTURES.

sait à lui, les gens de lettres à la recherche d’une place, les actrices en quête d’un engagement, les banquiers menacés de la banqueroute, les inventeurs impatients d’exploiter leurs découvertes et les jeunes filles trompées par leur séducteur. Il plaidait la cause des commerçants calvinistes de la Rochelle. Il demandait, sans succès, à l’archevêque de Paris de permettre le mariage du prince de Nassau avec une Polonaise divorcée. Il faisait proposer au roi, par l’intermédiaire de Maurepas, l’achat d’une « garniture de cheminée, en cristal de roche, garnie, ornée et semée de toutes les pierreries du monde ». Il était le banquier des littérateurs et des grands seigneurs besogneux. Pour rendre service au lieutenant de police, il acceptait de censurer les œuvres de ses confrères ! « Je vous l’ai dit et je vous le répète, lui écrivait un jour Cailhava, vous êtes un homme universel. Quand vous faites des drames, ils sont attendrissants ; quand vous faites des comédies, elles sont plaisantes. Êtes-vous musicien ? vous enchantez ; plaideur ? vous gagnez tous vos procès ; armateur ? vous battez les ennemis ; vous vous enrichissez ; vous discutez vos droits avec les souverains ; Amant ? vous êtes toujours le même. » Cela était vrai comme le reste. Au milieu de ce tourbillon d’affaires, Beaumarchais continuait infatigablement sa vie de plaisir. Et il trouvait encore le temps d’écrire et de faire représenter le Mariage