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Page:Hallays - Beaumarchais, 1897.djvu/69

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SA VIE ET SES AVENTURES.

teur lisait donc sa pièce, chez lui, à ses amis ; il la lisait devant le comte et la comtesse du Nord (le grand-duc de Russie, depuis Paul Ier, et la grande-duchesse) ; il la lisait chez la comtesse de Lamballe ; il la lisait chez le maréchal de Richelieu, devant des évêques et des archevêques.

Un moment il crut toucher au but. Le premier gentilhomme de la chambre permit aux acteurs de la Comédie d’apprendre leurs rôles et de donner la pièce dans la salle de spectacle de l’Hôtel des Menus Plaisirs. Les billets avaient été distribués a à une foule de gens de la première classe de la société ». Mais, au dernier moment, le roi signa une lettre de cachet pour défendre la représentation. Les spectateurs, privés de leur plaisir, poussèrent de grands cris de mécontentement. Selon Mme Campan, « les mots d’oppression et de tyrannie ne furent jamais prononcés, dans les jours qui précédèrent la chute du trône, avec plus de passion et de véhémence ».

Beaumarchais dut donc reprendre ses intrigues auprès des ministres. Le garde des sceaux lui fît alors refuser sa porte. Mais Louis XVI ne put, en l’apprenant, s’empêcher de dire : « Vous verrez que Beaumarchais aura plus de crédit que M. le garde des sceaux ». Le roi avait moins d’énergie que de clairvoyance.

Trois mois plus tard, le comte de Vaudreuil,