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Page:Hallays - Beaumarchais, 1897.djvu/75

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SA VIE ET SES AVENTURES.

repousser l’aubaine. C’était d’ailleurs pour lui une bonne occasion de se venger de Beaumarchais, qui lui avait refusé un prêt de douze mille livres. Il publia donc une violente brochure contre l’entreprise des frères Périer. Beaumarchais riposta. Tous deux, bien entendu, protestaient qu’ils étaient animés par le plus pur patriotisme. C’est le langage des gens de finance.

Beaumarchais commit l’imprudence de prendre à partie son adversaire, et, cédant à une tentation, à laquelle, du reste, il ne résistait jamais, celle de faire un calembour, il traita de mirabelles les philippiques de Mirabeau, quia mirabilia fecit. L’agent des baissiers répliqua en diffamant toute la vie de son adversaire, en lui reprochant ses mœurs, ses écrits, l’amitié de Théveneau de Morande, en l’accusant enfin d’avoir outragé « tous les ordres de l’État, toutes les classes de citoyens, toutes les lois, toutes les règles, toutes les bienséances » ; et il termina par ce coup de massue : « Retirez vos éloges bien gratuits, car, sous aucun rapport, je ne saurais vous les rendre… Reprenez jusqu’à l’insolente estime que vous osez me témoigner, et laissez-moi finir en vous donnant un conseil vraiment utile : Ne songez désormais qu’à mériter d’être oublié. »

À tous ces outrages, Beaumarchais ne répondit rien. Peut-être fut-il déconcerté par l’impétuosité de l’agression. On a dit aussi qu’il céda en cette