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Page:Hallays - Beaumarchais, 1897.djvu/76

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BEAUMARCHAIS.

circonstance aux exhortations de Calonne, qui avait besoin du banquier Clavières pour un projet d’emprunt. Mais la vraie raison du silence de Beaumarchais fut sans doute qu’ayant passé la cinquantaine, il parvenait à ce tournant de la vie où l’homme le plus actif et le plus batailleur rêve de s’enfermer chez soi. Il était alors très riche. Il songeait à régulariser une union, déjà ancienne de dix ans, avec une jeune femme, belle et spirituelle, Mlle Willermaula, dont il avait une fille : le mariage eut lieu en 1786. Il pensait aussi à se faire élever une maison somptueuse en rapport avec son opulence, et en 1787 il achetait un vaste terrain, près de la porte Saint-Antoine. Enfin il rimait son opéra philosophique de Tarare qui fut représenté la même année. « Heureux dans mon ménage, disait-il, heureux par ma charmante fille, heureux par mes anciens amis, je ne demande plus rien aux hommes, ayant rempli tous mes devoirs austères de fils, d’époux, de frère, d’ami, d’homme enfin, de Français et de bon citoyen. »

Mais la destinée de Beaumarchais était de ne jamais connaître le repos. L’affaire Kornman le jeta de nouveau dans la mêlée et l’avocat Bergasse lui fit plus d’une fois regretter d’avoir trop dédaigné les diatribes morales du vertueux Mirabeau.

Beaumarchais était l’ami, et aussi le banquier, du prince de Nassau-Siegen. Cet étrange aventurier,