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Page:Hallays - Beaumarchais, 1897.djvu/80

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BEAUMARCHAIS.

furent répandus dans Paris. Aux abords du palais, la canaille le menaçait et l’injuriait. La nuit, on était venu briser des statues qu’il avait placées à la porte de sa maison, et qu’il attribuait à Germain Pilon ; des lettres anonymes lui exprimaient le regret qu’on ne l’eût point trouvé à la place de ses statues. Enfin, on le dénonçait au peuple, comme accapareur de grains. Ils étaient loin, les triomphes du procès Goëzman !

Par arrêt du 2 avril 1789, le Parlement vengea Beaumarchais de Bergasse et de Kornman, en supprimant leurs mémoires comme faux, injurieux et calomnieux. Mais la diffamation n’en laissa pas moins une trace profonde dans l’imagination populaire, et lorsque la Révolution éclata, les manœuvres de la « clique Kornman » exposèrent aux plus grands périls la fortune et la vie de Beaumarchais.

Il partagea les transports de joie et d’espérance que souleva dans toute la France la convocation des États généraux. Mais, quand commença l’agitation révolutionnaire, il se fût volontiers tenu à l’écart, ayant assez des querelles privées ou publiques. Il achevait alors de bâtir et d’orner sa maison du boulevard, juste en face de la Bastille. Dès les premiers troubles, il s’aperçut que son quartier était le moins sûr de Paris, et que sa belle demeure attirait l’attention des patriotes. Le 14 juillet, l’émeute se déchaîna sous les terrasses de son jardin. Et ce