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Page:Hallays - Beaumarchais, 1897.djvu/81

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SA VIE ET SES AVENTURES.

jour-là, il se remémora sans doute le propos tenu par Louis XVI en écoutant la lecture du monologue de Figaro : « C’est détestable ; cela ne sera jamais joué ; il faudrait détruire la Bastille, pour que la représentation de cette pièce ne fût pas une inconséquence dangereuse ». La pièce avait été jouée. La Bastille était maintenant détruite. Grâce aux émeutiers, l’inconséquence avait disparu. Beaumarchais se serait peut-être passé de voir la logique si bien gouverner les choses humaines.

Quoi qu’il en fût, il demanda qu’on le chargeât de surveiller lui-même la démolition de la forteresse, pour que les maisons voisines, parmi lesquelles était la sienne, ne fussent point endommagées. Sage précaution. Admirable symbole.

Telle fut sa première intervention dans les affaires publiques, durant la période révolutionnaire. Il ne put s’en tenir là. Ses ennemis le dénonçaient, et des bandes menaçantes tournaient autour de sa maison. Pour tâcher de conjurer le péril, il se fit nommer député de son district, puis membre de la représentation de la commune. Mais son zèle ne put ni arrêter les calomnies des délateurs ni calmer les soupçons de la multitude. Il fut alors forcé d’écrire des mémoires, de distribuer de grandes aumônes, de se faire délivrer des certificats de civisme, de solliciter des perquisitions et d’en faire afficher les procès-verbaux dans les rues.