Page:Hamelin - Le Système d’Aristote.djvu/104

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Quelle conception s’est-il faite de cette science qu’il a fondée ? Nous dirons tout à l’heure qu’il y a de l’empirisme dans la logique d’Aristote, et comment en eût-il été autrement dans une science qui débutait ? Mais il ne résulte aucunement de là qu’Aristote ait conçu la logique comme un prolongement de la psychologie. Un disciple des Sophistes aurait pu entreprendre de décrire, par exemple, la succession des états d’esprit par lesquels passe un géomètre qui établit un théorème. Mais rien n’est et ne devait être plus loin des intentions d’Aristote, disciple de Socrate et de Platon. Il conçoit l’objet de la science comme étant le nécessaire, et la logique comme faisant connaître les procédés nécessaires de cette pensée du nécessaire. Reste seulement à savoir en quoi consistent ces procédés nécessaires, dont la logique entreprend l’étude théorique ou enseigne le maniement pratique.

La manière la plus simple de donner à la logique un objet nécessaire, c’est de la considérer comme formelle. Et l’on a dit effectivement qu’Aristote est un des partisans de la logique formelle. Si l’on sait prendre avec quelque rigueur cette notion d’une logique formelle, elle doit s’interpréter, semble-t-il, dans le sens adopté par Hamilton. Dire que la logique est formelle, cela veut dire qu’elle est la science de l’accord de la pensée avec elle-même, ou de la conséquence. La pensée apporterait avec elle la loi de non-contradiction, et, sans s’inquiéter du contenu quelconque des notions et des propositions, elle les transformerait sans autre souci que de ne pas se contredire ; la logique serait la science des lois de ces transformations, toutes lois dérivées de celle de non-contradiction. Cette manière de voir est étrangère à Aristote. Il n’a aucunement l’idée d’une loi de non-contradiction qui flotterait au-dessus des choses. La loi de non-contradiction est pour lui une nécessité, non de la pensée, mais des essences mêmes,

    nous l’avons indiqué tout à l’heure, croire avec Thurot (op. cit., App. 1 : Aristote s’est-il désigné comme l’auteur de la théorie du syllogisme ? p. 195-197) que ce texte se rapporte à la dialectique plutôt qu’à la logique.