Page:Hamelin - Le Système d’Aristote.djvu/107

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tote, est la science d’un savoir qui n’est pas identique à l’être, mais qui constitue, en face de l’être, un ordre distinct. Et c’est pourquoi aussi la logique, qui ne serait déjà que la théorie du savoir, n’est pas même purement et simplement théorique : elle n’étudie pas des lois suivant lesquelles le savoir se constituerait automatiquement et de lui-même ; elle formule plutôt des règles dont l’application réussit, encore que ces règles soient, bien entendu, fondées en raison. En un mot, la logique n’est pas une science pure ; elle garde quelque chose d’un art. C’est bien ce qu’entendaient les Péripatéticiens en disant qu’elle est un instrument pour faire la science. On pourrait dire encore qu’elle est pour Aristote une science normative : autre façon d’indiquer qu’elle s’adresse à l’individu et le regarde comme l’auteur de la connaissance. Ainsi, pour Aristote, la logique est bien distincte de la métaphysique, de la métaphysique proprement dite et comme il l’entend, ou science de l’être. Il faut remarquer en revanche qu’elle ne se distingue pas, ou qu’elle se distingue mal pour lui, de ce que nous appelons la théorie de la connaissance. Il n’a pas songé à mettre à part de la métaphysique et de la logique à la fois, pour en faire une science purement théorique, l’étude de la connaissance quant à sa portée et à sa valeur : la théorie de la connaissance est restée mêlée pour lui avec la logique. Valeur de la science et procédés pour obtenir la science, cela réuni fait l’objet d’une seule étude. Mais dans cette étude la principale place revient aux procédés pour obtenir la science.

C’est bien comme la connaissance de ces procédés que les textes d’Aristote nous invitent à nous représenter la logique. Voici trois considérations, empruntées à Zeller[1], qui l’établissent assez bien : 1o l’objet de la dialectique est de nous enseigner à déduire, sur toutes sortes de sujets, des syllogismes fondés sur des prémisses plausibles[2]. En

  1. Zeller, p. 185-187.
  2. Top. I, 1 déb. : ἠ μὲν πρόθεσις τῆς πραγματείας μέθοδον εὑρεῖν ἀφ’ ἧς δυνησόμεθα συλλογίζεσθαι περὶ παντὸς τοῦ προτεθέντος προβλήματος ἐξ ἐνδόξων, καὶ αὐτοὶ λόγον ὑπέχοντες μηθὲν ἐροῦμεν ὑπεναντίον. — 3 déb. : ἕξομεν δὲ τελέως τὴν μέθοδον, ὅταν ὁμοίως ἔχωμεν ὥσπερ ἐπὶ ῥητορικῆς καὶ ἰατρικῆς