La liste des catégories telle que la donne Aristote, par exemple au début du chapitre 4 des Catégories, est une énumération ordonnée empiriquement : 1o substance, 2o quantité, 3o qualité, 4o relation, 5o où, 6o quand, 7o situation, 8o avoir, 9o action, 10o passion[1]. Mais cette énumération est considérée par lui comme complète et comme exacte : il est persuadé qu’il a trouvé le nombre vrai des catégories ou, dans tous les cas, le nombre le plus vraisemblable, car cette liste, exception faite pourtant de l’avoir et de la situation, se retrouve entière en plusieurs endroits[2]. Quant aux cinq notions dont il est question à la fin des Catégories, à partir du chap. 12 : opposé, antérieur, simultané, mouvement, avoir au sens d’être propriétaire de quelque chose, on a vu (p. 27) que cette partie du traité, les Postprédicaments, doit être tenue pour inauthentique.
Le développement qu’Aristote a consacré à ses dix catégories est tout à fait inégal en étendue, même proportionnelle : presque rien sur ποιεῖν et πάσχειν, rien sur ποῦ, ποτέ, ἔχειν, ni, en somme, sur κεῖσθαι[3]. Pour les autres catégories, sauf pour la substance, le développement est quelquefois de peu d’intérêt, souvent hâtif et artificiel. Rien de difficile, il est vrai, comme une définition de notions, et Aristote avait encore bien peu de prédécesseurs.
La substance est étudiée au chapitre 5. Aristote com-
- ↑ τῶν κατὰ μηδεμίαν συμπλοκὴν λεγομένων ἕκαστον ἤτοι οὐσίαν σημαίνει ἢ ποσὸν ἢ ποιὸν ἢ πρός τι ἢ ποὺ ἢ ποτὲ ἢ κεῖσθαι ἢ ἔχειν ἢ ποιεῖν ἢ πάσχειν.
- ↑ Cf. Zeller, p. 263, n. 1 et p. 266, n. 3.
- ↑ Cat. ch. 9 : ποιεῖν et πάσχειν admettent la contrariété (échauffer, refroidir ; être échauffé, être refroidi), ainsi que le plus et le moins. Le κεῖσθαι (11 b, 8 sq.) se dénomme παρωνύμως ἀπὸ τῶν θέσεων ; c’est pourquoi on en a parlé au chapitre de la relation. Cf. 7, 6 b, 41-14 : ἀνάκλισις, στάσις, καθέδρα (le coucher, la station droite ou assise) sont des positions, des θέσεις, mais non ἀνακεῖσθαι, ἑστάναι, καθῆσθαι (être couché, être debout, être assis) dont les noms peuvent sembler en effet dérivés de ceux des θέσεις correspondantes, et θέσις est un πρός τι ; un autre exemple mettrait ceci très clairement en lumière, à l’envers, renverse. — Sur ποῦ, ποτέ, ἔχειν Aristote se borne à déclarer que manifestement il n’y a rien d’autre à dire, sinon à rappeler les exemples donnés antérieurement.
Aristoteleae, 8e éd., p. 56 sq. — Cf. Zeller, p. 264, n. 2, où l’on trouvera sur la question des indications plus complètes.