Page:Hamelin - Le Système d’Aristote.djvu/121

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le jugement et le raisonnement scientifiques ; de l’autre, le concept, le jugement et le raisonnement dialectiques. Et, quant aux relations de ces deux hiérarchies entre elles, il aurait fallu dire, semble-t-il, pour traiter ce point conformément à l’esprit du système, que les trois opérations dialectiques sont des analogues, des imitations des trois opérations scientifiques, en ajoutant que, si les trois opérations scientifiques sont les premières en soi, ce sont au contraire les trois opérations dialectiques qui sont les premières par rapport à nous. Pour présenter les choses sous un autre aspect, moins aristotélique peut-être quoique plus traditionnel, on peut dire qu’Aristote aurait dû dédoubler chacune des trois opérations en une opération scientifique et une opération formelle, c’est-à-dire assez générale pour s’adapter à un autre contenu encore que le contenu scientifique. Mais, de quelque façon qu’on présente le dédoublement des opérations logiques, il est sûr que, pour obtenir la clarté partout, il aurait fallu dédoubler les trois opérations. Or, en fait, le dédoublement n’a été vraiment accompli par Aristote que pour une seule, le syllogisme. Cela étant, on éprouve quelque embarras pour savoir par où il convient de commencer une étude systématique de la logique d’Aristote. Peut-on aborder tout de suite le syllogisme pur et simple ? Faut-il essayer de dégager des quelques indications que nous possédons une théorie dialectique ou formelle du jugement et du concept ? Ou bien enfin faut-il donner la théorie du jugement et du concept scientifiques ?

En réalité il semble bien qu’Aristote, après le traité des Catégories comme prélude, a commencé sa logique par les Premiers analytiques. Car le Περὶ ἑρμηνείας semble avoir été ajouté après coup ; et même, si certains chapitres contiennent des allusions à Diodore le Mégarique, il devient absolument certain que l’ouvrage appartient aux dernières années de la vie d’Aristote (cf. p. 28, n. 2). Mais il est pourtant impossible, quoi qu’on en ait, de traiter du syllogisme sans s’appuyer sur une théorie, au moins ébauchée, du jugement et du concept. Aussi Aristote n’a-t-il pu éviter, au début des Premiers analytiques, quelques considérations sur ces deux points. Elles occupent les trois premiers chapitres et voici