Page:Hamelin - Le Système d’Aristote.djvu/122

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en quoi elles consistent. Il faut, avoue Aristote, déterminer ce que c’est qu’une proposition et ce que c’est qu’un terme (τί ἐστι πρότασις καὶ τί ὅρος, 24 a, 11). Une proposition est un discours qui affirme quelque chose de quelque chose, ou qui nie quelque chose de quelque chose[1]. Cette affirmation ou cette négation est, soit universelle, soit particulière, soit indéfinie (ib. a, 16-22). Un terme est ce en quoi se résout la proposition, c’est à savoir l’attribut et le sujet, soit que l’être s’y ajoute, soit que le non-être en soit séparé (24 b, 16-18)[2]. Dans le chap. 2 Aristote résume la théorie de la conversion des propositions simples. Dans le chap. 3 il s’occupe de la conversion des modales. Ces considérations, si peu de place qu’Aristote leur accorde, montrent qu’il faut, de toute nécessité, commencer la logique aristotélicienne par le jugement et le concept.

Devra-t-on maintenant essayer de reconstituer, pour en faire les deux premiers chapitres de la logique, une théorie dialectique ou formelle du concept et du jugement, en réservant pour plus tard la théorie du concept et du jugement scientifiques ? En ce qui concerne la théorie du jugement, on n’aurait d’autre ressource que de développer verbalement les indications que nous venons de rapporter au sujet de la proposition. Mais ce développement verbal laisserait forcément subsister beaucoup d’obscurité sur les points importants et serait dès lors de peu de profit. En ce qui concerne le concept, il en serait encore de même. À la vérité, on pourrait ajouter à l’explication bien obscure de la nature des termes, telle que nous venons de la recueillir, les indications qu’Aristote donne ailleurs sur la définition de mots. Voici le passage le plus net peut-être de ceux où il indique, toujours brièvement, la distinction de la définition de mots et de la définition de choses[3]. D’après

  1. a, 16 sq. : πρότασις μὲν οὖν ἐστὶ λόγος καταφατικὸς ἢ ἀποφατικός τινὸς κατά τινος.
  2. ὅρον δὲ καλῶ εἰς ὃν διαλύεται ἡ πρότασις, οἷον τό τε κατηγορούμενον καὶ τὸ καθ’ οὗ κατηγορεῖται, ἡ προστιθεμένου ἢ διαιρουμένου εἶναι καὶ μὴ εἶναι.
  3. An. post. II, 1, 92 b, 5 : τὸ γὰρ μὴ ὂν οὐδεὶς οἶδεν ὅ τι ἐστίν, ἀλλὰ