Page:Hamelin - Le Système d’Aristote.djvu/131

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à des concepts. Évidemment il faut distinguer plusieurs cas. Non moins évidemment, le premier est celui des substances composées. Nous n’avons pas à exposer pour le moment la théorie de la substance, et il suffira d’indiquer qu’il y a pour Aristote des substances, ou au moins une substance, toutes formelles, et, d’autre part, des substances qui sont formées par la réunion d’une matière et d’une forme, ce qu’il appelle σύνολος οὐσία. Y a-t-il donc définition ou concept d’une σύνολος οὐσία, d’un homme, par exemple, qui est composé d’un corps et d’une âme ? Aristote est certainement tenté de répondre qu’il n’y a définition des substances composées que par leur forme. Ainsi, pour définir ou concevoir un homme, on ne définirait ou on ne concevrait que l’âme[1]. Si cette formule voulait dire que l’âme est tout l’homme, parce qu’elle implique tout le reste de l’homme, savoir un corps organique d’une certaine espèce, en tant que ce corps est considéré en général et non comme un corps individuel, on pourrait la considérer comme donnant la pensée définitive d’Aristote. Mais alors elle ne différerait que verbalement de la conclusion à laquelle nous allons aboutir tout à l’heure. Si au contraire la formule signifie qu’il faut prendre l’âme en elle-même, la définir d’une façon toute logique, à la manière, par exemple, de celui qui définirait la maison sans tenir compte des pierres, du bois et des tuiles et comme un abri protecteur contre les intempéries (De an., I, 1, 403 b, 3 sqq.), alors la formule n’exprime pas la pensée définitive d’Aristote. Car les substances composées sont des substances ; donc elles ont une unité et, partant, il faut bien qu’il y en ait un concept. Mais l’établissement de la définition ou du concept ne va pas sans difficulté. Les substances composées sont comparables à ces attributs qui enveloppent leur sujet. Ce n’est pas là, pour Aristote, le cas de tous les attributs ; c’est celui des attributs qui par soi appartiennent à un sujet ; le sujet ne les possède pas par lui-même, mais au contraire c’est eux qui, par eux

  1. Métaph. Ζ, 11, 1037 a, 26 : ταύτης [sc. τῆς συνόλου οὐσίας] δέ γ’ ἔστι πως λόγος καὶ οὐκ ἔστιν. μετὰ μὲν γὰρ τῆς ὕλης οὐκ ἔστιν, ἀόριστον γάρ, κατὰ τὴν πρώτην δ’ οὐσίαν ἔστιν, οἷον ἀνθρώπου ὁ τῆς ψυχῆς λόγος.