Page:Hamelin - Le Système d’Aristote.djvu/137

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de la chose. Le concept, au moins le concept des choses qui admettent quelque composition, doit être un, parce que la chose conçue est une (Métaph. Ζ, 11, 1037 a, 18). Or la chose est une parce que la forme et la matière sont faites pour s’unir, et l’unité de la définition ou du concept s’explique, elle aussi, par ce rapport, d’espèce réelle, entre la matière et la forme (Métaph. Η, 6). Le genre joue le rôle de matière, la différence, celui de forme (Métaph. Δ, 24, 1023 b, 2 ; cf. Bonitz, Ind. 787 a, 19). Mais, quoique d’espèce réelle, la relation de matière et de forme est bien générale et bien souple, et, lorsqu’elle s’applique au genre et à la différence, elle n’est plus guère peut-être qu’une métaphore.

Passons à la considération du contenu du concept. Le chapitre 10 du livre Ζ de la Métaphysique cherche longuement ce que sont les parties que peut contenir la définition ou le concept. Et il répond que ces parties sont des parties de la forme. Sans doute, si toute substance était pour Aristote, comme sa substance suprême, une substance formelle, on pourrait dire que des parties formelles peuvent bien être en même temps des parties substantielles, dans le sens le plus propre du mot substantiel. Mais on sait d’autre part qu’il n’y a pour Aristote qu’une seule substance formelle, à savoir précisément la substance suprême. — Au reste, et c’est ce qui achève de préciser la signification de l’expression « parties de la forme », ces parties sont toutes, selon Aristote, des universaux. Sans doute il ne faut pas se méprendre et attribuer au point de vue de l’extension chez Aristote une prédominance absolue : il s’en faut bien que les genres et les espèces soient chez lui des titres de classe. D’autre part, en effet, l’universel lui-même, tel qu’il le définit, n’est pas seulement un universel. Car Aristote distingue de la façon la plus nette entre le κατὰ παντός et le καθ’ αὑτό, que nous allons voir entrer dans la notion du καθόλου[1]. Il déclare que, quand on sait par

  1. An. post. I, 4, 73 b, 25 : τὸ μὲν οὖν κατὰ παντὸς καὶ καθ’ αὑτὸ διωρίσθω τὸν τρόπον τοῦτον… Cette distinction, entre κατὰ παντός « totalement » et καθ’ αὐτό « par soi », est exposée dans le développement qui précède, à partir de 73 a, 28.