Page:Hamelin - Le Système d’Aristote.djvu/163

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autre qu’elle est devenu une négation d’elle, quelque chose donc qu’il est désormais interdit d’affirmer d’elle : le cheval en tant que cheval ne court pas, et, s’il est entendu qu’on parle du cheval en tant que cheval, on se contredit en prononçant que le cheval court ; car le courir c’est, par rapport au cheval en tant que cheval, quelque chose qui est non-cheval, et rien de plus ni de moins. Mais, avant qu’on eût fermé la notion de cheval, le courir était, par rapport à elle, de l’autre, et non du contradictoire. Avec de l’autre on peut, en fermant une notion, faire du contradictoire : mais l’autre n’est pas, par lui-même, du contradictoire, et par conséquent il ne saurait servir à définir le contradictoire. — Arrivons au danger que présente une telle manière de définir le contradictoire.

Si une notion est contredite par tout ce qui est autre qu’elle, alors il est clair que toute attribution devient impossible. On peut dire qu’il y a trois sortes de jugement non tautologiques. Il y a d’abord le jugement analytique proprement dit, celui qui procède, non par une répétition, mais par une décomposition du sujet. Ensuite il est permis de distinguer deux espèces de jugements synthétiques. Les uns ajoutent au sujet un prédicat non compris dans l’essence du sujet, comme lorsqu’on dit : « le cheval court », « la maison est blanche ». Les autres prennent pour sujet, au lieu d’une notion définie, une ébauche de notion, une sorte d’x, un nom sans contenu, et ils poursuivent la constitution de la notion du sujet en enrichissant d’attributs nouveaux cette notion ébauchée. Aucune de ces trois sortes de jugement non tautologique n’est possible, si tout ce qui est autre est contradictoire. D’autre part, et plus évidemment encore s’il est possible, toute conciliation des contraires est impossible ; car le contraire est de l’autre et, pour ainsi dire, plus que de l’autre.

Avec la théorie d’Aristote, non seulement toute erreur est redressée, mais tous les dangers disparaissent. En ce qui touche à la conciliation des contraires, il y a peu de chose à dire : Aristote en fait disparaître l’impossibilité et c’est un grand point ; cependant on peut aller jusqu’à affirmer qu’il sait concilier les contraires régressivement dans