Page:Hamelin - Le Système d’Aristote.djvu/164

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le genre, et progressivement en composant avec les contraires extrêmes, tels que le noir et le blanc, des termes moyens comme les couleurs. — Relativement à l’attribution, il y aurait à dire beaucoup plus. On ne peut pas lui demander d’avoir connu la constitution progressive des essences par synthèse des attributs : c’était déjà beaucoup que d’avoir renversé une théorie de la contradiction qui aurait déclaré ou supposé une telle entreprise contradictoire et impossible. Quant aux jugements qui rapportent à un sujet un prédicat non essentiel, du moment que chaque notion n’était pas fermée et qu’il pouvait y avoir, grâce à cela, des relations de causalité entre les choses, on entrevoyait la possibilité de jugements tels que : « cette pierre est chaude ». Mais c’est surtout la possibilité des jugements analytiques, des jugements par décomposition, que la théorie aristotélicienne de la contradiction permettait de concevoir pleinement. Une fois que les genres se sont synthétiquement combinés, opération dont ni Platon ni Aristote n’expliquent, il est vrai, la partie positive, rien de plus légitime et de plus rationnel, dans la doctrine d’Aristote, que de défaire cette opération. Une essence n’est pas, au moins en règle générale, une unité absolue qu’on ne peut que mettre en équation avec elle-même. Il n’y a nulle contradiction à dire qu’un animal est une substance animée sensitive, ou que deux est 1 + 1. Si la communication des genres ne se construit pas a priori, elle se constate et s’analyse a posteriori.