Page:Hamelin - Le Système d’Aristote.djvu/174

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ment ; les mots de δόξα et d’ὑπόληψις (cf. Bonitz, Ind. 203 a, 14 ; 800 a, 56) eux-mêmes sont dans ce cas. Au contraire, pour désigner l’expression du jugement ou la proposition, Aristote est en possession de deux termes au moins : ἀπόφανσις et πρότασις. Mais ἀπόφανσις désigne la proposition en tant qu’elle est prise en elle-même. C’est le mot qu’emploie l’Hermêneia, quand elle ne se sert pas, ce qu’elle fait de préférence, de l’un ou de l’autre des termes qui désignent les deux divisions de l’ἀπόφανσις : ἀπόφασις et κατάφασις, affirmation et négation. L’usage du mot πρότασις est réservé aux Analytiques et aux Topiques, parce que ce mot désigne la proposition en tant qu’elle est destinée à servir de prémisse dans un syllogisme (Cf. Bonitz, Ind. 650 a, 36). En effet une πρότασις est un discours qui est mis en avant (προτεινόμενος) par celui qui veut préparer une conclusion. Sous cette réserve de la destination qu’elle doit recevoir, la proposition garde d’ailleurs toute l’étendue de son sens sous la désignation de πρότασις[1]. Comme les Analytiques et l’Hermêneia parlent tous les deux de la nature des propositions et des opérations qu’on peut faire sur elles, nous pouvons nous attendre à voir Aristote employer, sur le sujet qui va nous occuper, un double langage, sans que cette dualité d’expression empêche en rien l’unité des idées.

La brièveté avec laquelle Aristote procède dans les Premiers analytiques à l’étude de la proposition rend difficile de dire si Aristote commence par considérer la qualité ou la quantité des propositions (I, 2 déb.). Dans l’Hermêneia (ch. 6), la considération de la qualité vient la première, et tel est bien l’ordre rationnel. On sait que les logiciens ont appelé qualité des propositions, désignation étrangère à Aristote, le fait qu’une proposition est affirmative, négative, ou peut-être encore indéfinie. Or cette dénomination est moins arbitraire qu’on ne l’a pensé quelquefois. Il convient en effet de remarquer[2] que, lorsqu’on

  1. La preuve en est dans la définition que donnent de la πρότασις les Premiers analytiques, I, 1, 24 a, 16 : πρότασις μὲν οὖν ἐστὶ λόγος καταφατικὸς ἢ ἀποφατικός τινος κατά τινος. Cf. Waitz, Org. I, 368.
  2. Avec Trendelenburg, El. log. Ar.⁸, § 4, p. 59.