Page:Hamelin - Le Système d’Aristote.djvu/186

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de la conclusion ou, plus explicitement, de l’attribution du majeur au mineur dans la conclusion, c’est l’essence, ou, dans le cas le plus défavorable, quelque chose qui, dans l’accomplissement de la fonction voulue, peut servir de substitut à l’essence (cf. Sec. anal. ch. 2 et 11). Nous comprenons par là tout le sens de cette proposition familière à Aristote, que l’essence est le principe du syllogisme[1]. Et enfin cette proposition achève de nous faire comprendre la nature intime du syllogisme : ce qui dans le jugement était rapporté l’un à l’autre comme attribut à sujet, sans moyen-terme et sans raison, trouve dans le syllogisme sa raison, et, d’autre part, la raison apportée par le syllogisme c’est, sous les espèces de l’essence, l’objet propre de l’intellection, la nature simple sans multiplicité. La discursion, qui avait d’abord, dans le jugement, brisé l’unité de l’intuition, se rapproche de l’intuition. Ou, corrélativement, la multiplicité sensible, déjà quelque peu ramassée dans le jugement, achève de se concentrer à la lumière et sous l’influence de l’intuition intellectuelle. Le syllogisme, c’est donc en somme la discursion recevant une raison, et par là, puisque cette raison est une nature simple, ramenée ou élevée autant que possible à l’unité de l’intuition. — Le résultat de cette analyse peut être confirmé par une contre-épreuve. Si l’on compare au syllogisme une prétendue méthode de raisonnement qui, malgré ses prétentions, n’aboutit pas, on verra que son imperfection vient de l’absence du moyen-terme. Nous trouvons précisément, selon Aristote, l’exemple d’une telle méthode dans la division platonicienne. Comment procède-t-elle ? Tous les êtres sont animés ou inanimés ; rangeons l’homme parmi les êtres animés. Tout animal est terrestre ou aquatique ; rangeons l’homme parmi les animaux terrestres. Et, en continuant ainsi, nous obtiendrons tous les caractères de l’homme. Mais, dit Aristote, tout ce qu’on pourrait conclure, c’est, dans le premier cas, que l’homme, étant un être, est animé ou inanimé, et, dans le

  1. Métaph. Μ, 4, 1078 b, 24 : ἀρχὴ δὲ τῶν συλλογισμῶν τὸ τί ἐστιν. Ζ, 9, 1034 a, 31 : … συλλογισμοῖς, πάντων ἀρχὴ ἡ οὐσία· ἐκ γὰρ τοῦ τί ἐστιν οἱ συλλογισμοί εἰσιν… Cf. An. post. II, 3 début.