Page:Hamelin - Le Système d’Aristote.djvu/187

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second, que l’homme, étant un animal, est terrestre ou aquatique. Le surplus, l’attribution à l’homme de tel caractère à l’exclusion du caractère opposé, au lieu de le démontrer, on le demande à la bonne volonté de l’interlocuteur, on le postule (ὅ μὲν γὰρ δεῖ δεῖξαι, αἰτεῖται). Et pourquoi ? parce que le seul moyen-terme qu’il y ait ici (tous les êtres, ou, au degré suivant, tous les animaux) n’est pas celui dont on pourrait tirer ce qu’on a besoin de conclure. C’est un moyen trop général, qui ne permet qu’une conclusion trop générale. Le moyen qu’il faudrait, l’essence de l’homme, seule capable de fournir les attributs qu’on entreprend d’établir, est absent. En réalité donc il n’y a pas de moyen, pas de raison, pas de preuve ni d’explication, et, en conséquence de cette absence de moyen, la division est « comme un syllogisme impuissant » (οἷον ἀσθενὴς συλλογισμός) (An. pr. I, 31, du début à 40 b, 37 ; cf. An. post. II, 5, du début à 91 b, 27). Ainsi ce qu’Aristote reproche à la division platonicienne, ce qui l’empêche selon lui d’être concluante, c’est qu’elle ne renferme pas de moyen-terme, et certes, quel que soit le mérite de la division platonicienne comme promesse et ébauche d’une méthode progressive, dont on peut regretter que toute idée manque chez Aristote, le reproche est exact. Le moyen-terme que comporte sans doute la méthode progressive, Platon ne sait pas le dégager et, telle qu’il la présente, sa division ne conclut pas. Donc la grande idée qui fait tout l’essentiel du syllogisme, c’est précisément celle qui fait défaut chez Platon, c’est l’idée que raisonner consiste à donner une raison, à fonder sur une raison l’union des deux termes du jugement ; c’est l’idée de la preuve et de L’explication, l’idée de l’affirmation ou de la négation médiatisée.

Maintenant que nous voilà fixés sur la nature du syllogisme, au moins dans ce qu’elle a de plus intérieur et de plus capital, nous devons nous demander comment le syllogisme accomplit son processus, ce qui l’autorise à conclure, bref quel est le principe du syllogisme. À la vérité, nous ne devrions pas paraître aborder ici une question nouvelle. C’est la même question qui devrait se continuer. Ce qui rend possible la marche du syllogisme devrait résul-