Page:Hamelin - Le Système d’Aristote.djvu/198

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qui font passer les termes de la place de genre à celle d’espèce peuvent ne pas dénaturer, bien loin de les traduire en plus clair, les rapports des termes. Mais on se rend aisément compte que, en changeant de place, le moyenne change pas de quantité. En effet, lorsqu’il s’agit de la seconde figure, on convertit une négative universelle, et le moyen, devenu sujet, reste universel ; lorsqu’il s’agit de la troisième figure, le moyen dont on change la position n’est pas celui qui est pris universellement, de sorte que le changement est sans influence sur le rapport des termes. Mais, si la transformation qu’Aristote fait subir au syllogisme peut se comprendre en elle-même, elle n’en constitue pas moins dans la logique aristotélicienne une grave incohérence, en même temps que, si l’on revient à la considérer une fois de plus en elle-même, on découvre qu’elle est une erreur. La réduction des syllogismes des deux dernières figures à la première constitue, disons-nous, une incohérence. En effet cette réduction se fait au moyen de conversions de propositions. Or Aristote, et en cela il n’a pas eu tort, n’a pas admis, comme l’ont fait les logiciens du Moyen-Âge, que la conversion constitue une inférence immédiate, ayant son évidence propre et ne demandant point à être fondée sur une démonstration syllogistique. Comme nous l’avons vu, il démontre syllogistiquement les conversions. Or, pour démontrer la conversion de l’universelle négative, qui sert ensuite à démontrer les deux autres conversions, il a recours à un raisonnement par l’absurde, dont la partie syllogistique est un syllogisme en dArAptI, c’est-à-dire un mode de la troisième figure. Comment donc, après cela, recourir à la conversion pour ramener les deux dernières figures à la première ? C’est évidemment commettre un cercle vicieux. Maintenant il est vrai qu’Alexandre, en démontrant autrement les conversions (ainsi que nous l’avons indiqué p. 170), a réussi à affranchir la logique aristotélicienne de ce cercle vicieux. Mais il n’a peut-être pas par là assez fait encore. Car, en regardant les choses de plus près, Ramus, Leibnitz, M. Lachelier ont pu faire voir que les conversions étaient, à vrai dire, des syllogismes de la deuxième et de la troisième figure et que chacune de ces