Page:Hamelin - Le Système d’Aristote.djvu/24

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enseignement, Aristote eut besoin de collections et de livres. Bien que son testament soit d’un homme pourvu de richesses suffisantes, ses ressources personnelles, même jointes à celles de l’École, n’auraient peut-être pas suffi à faire les frais de ce matériel considérable. Il n’est donc pas impossible que, dans ce but, Aristote ait été aidé par Philippe et surtout par Alexandre. D’ailleurs, si vraisemblablement le meurtre de Callisthène dut amener quelque refroidissement dans leurs relations, il semble bien qu’Aristote ait toujours gardé de bons rapports avec son élève.

La mort de celui-ci fut pour le philosophe la source de graves dangers. On sait comment la Grèce se souleva contre la domination macédonienne. Sans doute Aristote n’avait jamais joué aucun rôle politique ; mais il n’en était pas moins connu pour appartenir au parti macédonien. On l’accusa d’impiété, parce qu’il avait célébré Hermias comme un dieu et, prétendait-on, lui avait, ainsi qu’à Pythias, offert un sacrifice. Mais, comme autrefois pour Socrate, l’accusation couvrait des motifs politiques. Devant ce péril, Aristote quitta Athènes pour se retirera Chalcis, dans l’île d’Eubée, au cours de la troisième année de l’Olympiade 114, selon Apollodore, c’est à-dire en 323. L’année suivante, probablement pendant l’été, il succombait à une maladie d’estomac, vers le temps où, dans file de Calaurie, s’empoisonnait Démosthène[1].


  1. Au sujet de l’accusation d’impiété, voir Zeller 38, 1 et 21, 1 s. fin. ; pour les griefs d’ordre politique, ibid., 37, 2 ; Aristoclès, en rapportant les divers motifs allégués, ouvertement ou non, pour perdre Aristote, en souligne l’inanité. Sur l’époque et les circonstances de la mort, cf. 40, 3, 4. — Du caractère d’Aristote, en l’absence de témoignages suffisants, il vaut mieux ne rien dire : les inférences à ce sujet sont aussi précaires que faciles.