Page:Hamelin - Le Système d’Aristote.djvu/261

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

puisse figurer dans ces conclusions. Ce qui est sûr, c’est qu’Aristote a très justement senti, sinon très nettement formulé, la parenté de la démonstration et de la définition. Il distingue d’abord fortement entre les deux choses. Il n’y a pas définition de tout ce dont il y a démonstration ; car on démontre des propositions négatives, des propositions particulières, des propositions exprimant des attributions de prédicats dérivés, tandis que la définition est toujours affirmative, universelle et a pour objet, au lieu des propriétés, l’essence. Inversement, il n’y a pas démonstration de tout ce dont il y a définition ; car nous n’ignorons pas que la démonstration part, au moins quelquefois, de définitions indémontrables (An. post. II, 3, jusqu’à 90 b, 27). Il faut même dire, d’une manière générale, qu’une définition ne comporte pas de démonstration. En effet définir c’est indiquer l’essence, et la démonstration suppose l’essence, au lieu d’y aboutir. Et ce à quoi la démonstration aboutit, c’est à l’établissement d’une propriété ; or les propriétés sont quelque chose de dérivé et ne figurent point directement dans l’essence, objet de la définition. De plus l’essence et la définition qui l’exprime ne sont pas au fond des affirmations, tandis que la démonstration établit l’existence d’un attribut dans un sujet (ibid. 90 b, 28, jusqu’à la fin du chap.). Enfin on peut aisément se rendre compte qu’il est impossible de constituer un syllogisme propre à donner comme conclusion une définition. Il s’agit, dans un syllogisme, de substituer le majeur au moyen comme attribut du mineur. Mais, si le majeur doit exprimer tout le contenu du mineur dans la définition soi-disant obtenue comme conclusion, il faut déjà que, dans la mineure, le moyen exprime aussi tout le contenu du mineur. La mineure et la conclusion ne feront donc qu’une seule et même proposition sous deux formes, ou, autrement dit, le majeur et le moyen ne seront que deux noms différents de l’essence du mineur (An. post. II, 4). — On peut traduire encore la pensée d’Aristote dans les termes suivants : le syllogisme trouve le majeur dans le contenu du mineur par l’intermédiaire du moyen ; du moment que c’est tout le contenu du mineur qu’il s’agit d’attribuer au mineur, il n’y a plus