Page:Hamelin - Le Système d’Aristote.djvu/262

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’intermédiaire possible. On est, du commencement à la fin de l’opération, devant le contenu total du mineur, et, au lieu d’une marche analytique, on ne peut plus accomplir qu’une stagnation dans la tautologie. Ainsi la définition et la démonstration sont bien différentes l’une de l’autre, et les définitions ne se démontrent pas. — Il faut même ajouter qu’il n’y a pas de procédé discursif pour les établir. Nous savons déjà (cf. p. 174 sq.) que la division platonicienne est incapable de prouver une définition, puisqu’elle postule l’essence au lieu de la conclure (An. post. II, 5, jusqu’à 91 b, 27). Et, quant à l’induction, elle peut bien établir, en faisant valoir l’absence d’exemples contraires, que toujours tels caractères appartiennent à tel sujet ; mais c’est là établir un fait, une proposition d’existence et non pas l’essence, c’est-à-dire un rapport interne d’identité entre le sujet et l’attribut (An. post., II, 7, 92 a, 37-b, 1).

Cependant, si la définition est différente du raisonnement et ne peut être, à proprement parler, établie par le raisonnement, il faut reconnaître qu’elle peut, dans une certaine mesure, se démontrer et que, d’autre part, sa nature se rapproche singulièrement de celle de la démonstration. Aristote articule ici les cadres de sa doctrine avec la plus grande netteté. Il y a, nous dit-il, trois sortes de définitions : l’une est le discours indémontrable qui exprime l’essence ; la seconde est le syllogisme de l’essence et ne diffère de la démonstration que par la manière de se présenter ; la troisième est la conclusion de la démonstration de l’essence[1]. Pour commenter ces déclarations précises, il faut tout d’abord rappeler la distinction capitale entre les définitions premières et celles qui ne le sont pas. C’est cette distinction qu’établit la phrase par laquelle débute le petit chapitre 9 du IIe livre des Seconds analytiques, auquel nous avons déjà renvoyé (p. 245)[2]. Il est clair que les

  1. An. post. II, 41, 94 a, 11 : ἔστιν ἄρα ὁρισμὸς εἷς μὲν λόγος τοῦ τί ἐστιν ἀναπόδεικτος, εἷς δὲ συλλογισμὸς τοῦ τί ἐστι, πτώσει διαφέρων τῆς ἀποδείξεως, τρίτος δὲ τῆς τοῦ τί ἐστιν ἀποδείξεως συμπέρασμα.
  2. 93 b, 21 : ἔστι δὲ τῶν μὲν ἕτερόν τι αἴτιον, τῶν δ’ οὐκ ἔστιν. ὥστε δῆλον ὅτι καὶ τῶν τί ἐστι τὰ μὲν ἄμεσα καὶ ἀρχαί εἰσιν, ἃ καὶ εἶναι καὶ τί ἐστιν ὑποθέσθαι δεῖ ἢ ἄλλον τρόπον φανερὰ ποιῆσαι