Page:Hamelin - Le Système d’Aristote.djvu/264

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que à ces matériaux appartient la quiddité de la maison… ainsi on cherche la cause de la matière et cette cause c’est la forme par laquelle la matière est quelque chose, je veux dire ici une maison[1] ». Ainsi, lorsqu’une essence n’est plus première, lorsqu’on peut y distinguer une matière et une forme, la matière de l’essence peut se démontrer par la forme. Or par là s’expliquent les deux dernières des trois sortes de définition que nous avons vu Aristote énumérer tout à l’heure. La troisième sorte de définition, nous disait-il, est la conclusion de la démonstration de l’essence. Le traité De l’âme (II, 2, 413 a, 16-20) nous fait comprendre ce dont il s’agit au moyen d’un exemple et d’une opposition. Si l’on demande ce que c’est que de carrer un rectangle à côtés inégaux, on pourra dire que c’est trouver un rectangle à côtés égaux équivalent au rectangle donné. C’est là une définition qui est en tout comparable à la conclusion d’un syllogisme ; car elle énonce un fait (ὅτι), un résultat, sans en donner la raison. Les meilleures définitions, les définitions complètes, ajoute Aristote, ne sont point ainsi constituées. Au fait elles ajoutent la raison : carrer, ce n’est pas seulement arriver au résultat que nous avons dit, c’est trouver une moyenne proportionnelle, d’où se déduit le résultat voulu. Dans ce dernier cas, la définition est-ce que nous avons vu Aristote appeler le syllogisme de l’essence, ne différant de la démonstration que par la

  1. 17, 1041 a, 10 : ζητεῖται δὲ τὸ διὰ τί αἰεὶ οὕτως, διὰ τί ἄλλο ἄλλῳ τινὶ ὑπάρχει ; … τὸ μὲν οὖν διὰ τί αὐτό ἐστιν αὐτό, οὐδέν ἐστι ζητεῖν… ζητήσειε δ’ ἄν τις διὰ τί ἅνθρωπός ἐστι ζῷον τοιονδί… τὶ ἄρα κατά τινος ζητεῖ διὰ τί ὑπάρχει… οἷον διὰ τί βροντᾷ ; διὰ τί ψόφος γίγνεται ἐν τοῖς νέφεσιν· ἄλλο γὰρ οὕτω κατ’ ἄλλου ἐστὶ τὸ ζητούμενον. καὶ διὰ τί ταδί, οἷον πλίνθοι καὶ λίθοι, οἰκία ἐστίν ; φανερὸν τοίνυν ὅτι ζητεῖ τὸ αἴτιον· τοῦτο δ’ ἐστὶ τὸ τί ἦν εἶναι, ὡς εἰπεῖν λογικῶς [phrase peut-être interpolée : c’est du moins l’opinion du Ps. Alex. 540, 38 Hd, 510, 13 Bz, suivie par Christ, mais la suite ne paraît pas justifier cette opinion]… δῆλον δὴ ὅτι τὴν ὕλην ζητεῖ διὰ τί ἐστιν· οἷον οἰκία ταδὶ διὰ τί ; ὅτι ὑπάρχει ὃ ἦν οἰκίᾳ εἶναι… ὥστε τὸ αἴτιον ζητεῖται τῆς ὕλης· τοῦτο δ’ ἐστὶ τὸ εἶδος [c’est à tort, semble-t-il, que Christ a mis ces derniers mots entre crochets, comme varia lectio de ceux qu’on trouve plus loin : τοῦτο δ’ ἡ οὐσία.] ᾧ τί ἐστιν· … Voy. aussi Η, 3, 1043 b, 28 et An. post. II, 8 jusqu’à 93 a, 13.