Page:Hamelin - Le Système d’Aristote.djvu/263

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définitions premières ne peuvent être démontrées, puisqu’elles sont premières. D’autre part, elles ne peuvent pas être au fond des démonstrations, parce que les essences premières sont simples. Elles sont simples, car, si on pouvait distinguer des parties dans une essence première, elle ne serait plus première : ce seraient ses parties qui le seraient. Or nous savons que les natures simples ne se prêtent à aucune discursion. Mais les définitions dérivées se comportent tout autrement que les définitions premières. Sans doute, si l’on considère une définition dans son tout, elle est toujours, sous cet aspect, une sorte de nature simple, et c’est bien pour cela que, comme nous l’avons vu, on ne démontre jamais, à proprement parler, une définition quelconque. Pourtant une définition peut être composée et, en ce sens, dérivée. Elle est composée, dès qu’on peut y distinguer des parties, une forme et une matière. Dès lors on peut démontrer l’une de ses parties par l’autre, à savoir la matière par la forme. Telle est du moins la formule qu’emploient les commentateurs[1]. La formule traduit d’ailleurs exactement la pensée d’Aristote, comme nous pouvons le voir en nous reportant au livre Ζ de la Métaphysique : « Lorsqu’on cherche le pourquoi, on cherche toujours pourquoi telle chose est attribut de telle autre… Chercher pourquoi une chose est elle-même, ce n’est rien chercher… On peut vouloir chercher pourquoi l’homme est un animal de telle sorte :… c’est donc qu’on cherche pourquoi telle chose est attribut de telle autre… Par exemple : pourquoi tonne-t-il ? Cela veut dire : pourquoi se produit-il du bruit dans les nuages ? Car, de cette façon, ce qu’on cherche, c’est pourquoi telle chose s’attribue à une autre. On cherche encore pourquoi telles choses, à savoir des tuiles et des pierres, sont une maison. Il est donc évident que ce qu’on cherche, c’est la cause, c’est-à-dire, pour parler logiquement, la quiddité… il est donc clair qu’on cherche pourquoi la matière a telle forme ; par exemple, pourquoi ces matériaux sont-ils une maison ? La réponse est : parce

  1. Voir Philopon, An. post. 366, 8 Wallies (XIII, 3 ; Schol. 245 a, 7) et les scholies réunies par Waitz, I, p. 58, ad 93 a, 4.