Page:Hamelin - Le Système d’Aristote.djvu/286

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La causalité que nous venons d’exposer, après avoir commencé par promettre, avec Aristote, que ce serait la causalité motrice ou efficiente, c’est, sous un autre titre, la causalité de la forme. En passant à la causalité finale, ce sera encore le même processus que nous allons retrouver. Enumérant les quatre causes du début du traité De la génération des animaux, Aristote dit de la fin et de l’essence qu’il faut les considérer toutes les deux comme ne faisant qu’un, à peu de chose près. Et en effet la différence des deux choses ne peut consister pour lui qu’en une nuance : la fin, c’est la forme non encore possédée et qui se cherche, ou vers laquelle aspirent la puissance et la matière. D’autre part Aristote incline évidemment vers la cause finale la cause formelle, lorsqu’il donne à celle-ci le nom de modèle[1]. L’activité que nous avons décrite sous le nom d’activité motrice ou efficiente, n’étant que la réalisation de la forme, était donc déjà téléologique, et nous n’avons rien de nouveau à dire sur la causalité finale. Cette causalité a son type le plus accessible pour nous dans la production des œuvres de l’art. Et c’est à cette production qu’Aristote se réfère sans cesse pour la faire comprendre. Mais notre art n’est après tout qu’un cas particulier d’un art plus général et plus profond, et la présence en nous de la délibération et de la conscience ne change pas l’essentiel de la procédure. Le rapport des antécédents et des conséquents est le même dans la nature et dans l’art. Si nous remarquons en outre qu’un art vraiment digne de son nom, un art parfait, ne délibère pas, nous devrons donc dire que la finalité dans la nature est identique à l’art, sauf qu’elle est immanente à l’objet produit. Lorsqu’un homme se guérit lui-même, il agit comme la finalité naturelle. Mettons l’art de la construction navale dans le bois : nous aurons exactement cette finalité (Phys. II, 8, 199 a, 18 sqq. et 199 b, 26 à la fin du ch.).

La théorie aristotélicienne des causes aboutit donc bien à la conclusion que nous avions annoncée. Toutes les causes se ramènent à la forme et à la matière. Le moteur

  1. Phys. II, 3, 194 b, 26 : … τὸ εἶδος καὶ τὸ παράδειγμα.