Page:Hamelin - Le Système d’Aristote.djvu/29

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rien d’authentique, et il nous en reste de sûrement inauthentiques[1].

Passons maintenant aux écrits philosophiques qu’Aristote a composés pendant sa jeunesse. Les plus caractéristiques de ces écrits sont sans doute ses dialogues. Ce sont ces ouvrages qui figurent au commencement des listes de Diogène et d’Hésychius, en allant, semble-t-il, de ceux qui comptaient le plus de livres à ceux qui en avaient le moins. Rose donne des fragments qu’il rapporte à vingt-et-un dialogues. Quelques-uns sont évidemment apocryphes, par exemple le Μαγικός, qui est déjà signalé comme tel par Hésychius (no 191). Pour d’autres on reste dans l’incertitude : par exemple, le Γρύλλος ἤ περὶ ῥητορικῆς, le Πολιτικός, le Σοφιστής, l’Ἐρωτικός, le Συμπόσιον, à plus forte raison le Μενέξενος dont nous n’avons aucun fragment. En général, les fragments des dialogues précédents ne nous fournissent pas de raisons internes décisives pour prononcer l’inauthenticité. D’autres paraissent plutôt authentiques : tel le Περὶ εὐγενείας, qui parle de la bigamie de Socrate, allégation controuvée sans doute, mais qu’on rencontre de si bonne heure chez les Péripatéticiens qu’elle a tout l’air de provenir du maître. D’autres sont garantis par des raisons plus sérieuses. Tel, d’abord, le Περὶ εὐχῆς, dont un passage rappelle de près un endroit célèbre (VI, 508 e sq.) de la République de Platon (Fragm. 1483 a, 24). Tel ensuite, et surtout, le Περὶ ποιητῶν, auquel il semble bien qu’Aristote lui-même se réfère, quand, dans la Poétique (chap. 15, fin), il renvoie à une discussion contenue dans les ἐκδεδομένοι λόγοι. L’ouvrage paraît du reste avoir été employé comme authentique par Ératosthène et par Apollodore[2].

Mais, parmi les dialogues, il en est trois qui l’emportent de beaucoup sur les autres par leur importance. Ce sont : Eudème ou De l’âme, le Περὶ φιλοσοφίας et le Περὶ δικαιοσύνης.

  1. Ibid., n. 2. — Sur l’Apologie, qu’Aristote aurait écrite en réponse à l’accusation d’impiété dirigée contre lui, sur l’Éloge de Platon, sur le Panégyrique d’Alexandre, voir ibid., p. 57, n. 1 et 2. L’authenticité d’écrits portant ces titres est plus que douteuse, et il suffira de les avoir mentionnés en passant.
  2. Zeller, P. 61, n. 1 et 2. Cf. en outre infra, p. 47 sq.