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SEIZIÈME LEÇON


L’INFINI, L’ESPACE, LE VIDE, LE TEMPS

La physique a pour objet le changement, avec tout ce qu’il implique en fait d’êtres et de relations sensibles. Aristote, dans celui de ses ouvrages par lequel il ouvre la série de ses spéculations physiques, commence donc par montrer comment le changement est possible, puis par définir le principe du mouvement, et ensuite les diverses espèces du changement. Mais, arrivé à ce dernier point, il ne continue pas immédiatement l’étude du changement et du mouvement. Avant de pénétrer jusqu’au cœur de ces phénomènes fondamentaux, il s’arrête pour s’occuper de certaines généralités qui doivent, dit-il, être étudiées avant les déterminations plus spéciales du changement et du mouvement. Le mouvement en effet est, suivant l’opinion générale, quelque chose de continu ; or le continu est le premier siège de l’infini. De plus, toujours suivant l’opinion générale, le mouvement n’est pas possible sans l’espace, sans le vide et sans le temps. Une fois donc qu’il a indiqué la définition du mouvement et les espèces du changement, Aristote étudie l’infini, l’espace, le vide et le temps (Phys. III, 1 déb. à 200 b, 25). Comme ces quatre choses ne supposent, parmi les caractères du changement et du mouvement, que les plus extérieurs et les moins contestés, il n’y a sans doute aucun inconvénient à en présenter d’abord la théorie de façon à pouvoir suivre après cela, d’un trait, celle du mouvement.

Il y a cinq raisons de penser que l’infini existe. D’abord