Page:Hamelin - Le Système d’Aristote.djvu/305

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mouvoir ; car le corps n’aura pas de raison pour aller dans une direction plutôt que dans une autre (8, 214 b, 28-215 a, 1). Il ne pourrait pas y avoir de mouvement forcé (ἡ βίαιος κίνησις), c’est-à-dire contre nature (παρὰ φύσιν), s’il n’y avait auparavant des mouvements naturels ; or comment y aurait-il des mouvements naturels dans le vide infini où il n’existe ni haut ni bas (8, 215 a, 1-14) ? Viennent ensuite deux arguments, aussi erronés que célèbres, et qui reposent l’un et l’autre sur ce fait qu’Aristote ne soupçonnait pas la notion de masse. Le premier se ramène en somme à ceci : toutes choses égales d’ailleurs, un mobile parcourt un milieu avec d’autant plus de vitesse que ce milieu est moins résistant, c’est-à-dire, dans l’hypothèse du vide, moins plein. Si nous supposons que, dans les conditions indiquées, un mobile ait à traverser un espace absolument vide, la résistance de ce milieu étant comme zéro par rapport à un nombre, il faudra que le mobile le parcoure avec une vitesse infinie (215 a, 24-216 a, 11). Le second argument prend pour point de départ que les vitesses de chute d’un corps grave (ou d’ascension d’un corps léger) sont proportionnelles aux poids (ou à la légèreté) de ces corps, et que la raison de cette loi des vitesses serait qu’un corps pesant, par exemple, écarte d’autant mieux les obstacles qu’il pèse davantage. Comme il n’y a pas de résistance dans le vide absolu, deux corps de poids différent y tomberaient avec des vitesses égales (216 a, 11-21). Pour ce qui est des changements de densité, ils peuvent s’expliquer parce qu’un corps en chasse un autre, comme on expulse un noyau en pressant un fruit (ἐκπυρηνίζειν) : ainsi fait sans doute, par rapport à l’air, l’eau qu’on verse dans un vase rempli de cendre (7, 214 a,32-b, 1). Enfin les changements de grandeur ne s’expliquent pas par une introduction ou une élimination de vides dans un corps, mais par le moyen de l’altération qui entraîne par elle-même des changements de grandeur : la grandeur d’un corps est fonction de sa qualité, et, la qualité changeant, la grandeur change du même coup. En d’autres termes, il y a, au sens propre, des condensations et des raréfactions (9, 217 a, 21-b, 11, surtout les quatre dernières lignes). — Mais, quoi que vaillent les