Page:Hamelin - Le Système d’Aristote.djvu/323

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Puisqu’il reste, à le prendre en général, dans les limites de l’être, et que d’autre part, considéré sous ses divers aspects, il se déroule à l’intérieur d’un genre, le mouvement se divise en espèces d’après la liste des catégories. Mais il n’y a pas mouvement dans chacune des catégories. Aristote montre en particulier qu’il n’y a pas mouvement dans la relation, ni dans l’agir et le pâtir (Phys. V, 2 déb.). Il n’y a pas mouvement dans l’agir et le pâtir, parce que cela reviendrait à dire qu’il y a mouvement du mouvement : ce qui, selon Aristote, est un non-sens. Pour ce qui est de la relation, elle ne comporte pas le mouvement, parce qu’on peut changer deux relatifs en opérant sur un seul d’entre eux. La raison donnée par Aristote est intéressante, puisqu’elle montre qu’il considère le mouvement comme une propriété du mobile, évitant de se placer jamais à ce que nous appelons le point de vue cinématique. Les catégories qui ne comportent pas le mouvement éliminées, il en reste trois dans lesquelles il peut s’opérer : la qualité, la quantité et le lieu. Le mouvement dans la quantité, c’est-à-dire l’accroissement et le décroissement (αὔξησις καὶ φθίσις) va d’une grandeur inférieure à la normale à la grandeur normale, ou inversement. C’est dire qu’il s’applique exclusivement, ou au moins le plus proprement, aux êtres organisés pour lesquels il y a une taille exigée par leur nature. Le mouvement dans la qualité, lequel se subdivise en autant d’espèces qu’il y a de qualités sensibles, va d’un contraire qualitatif à un autre, par exemple du noir au blanc, ou même du gris au blanc, ou à tout autre terme moins extrême que le blanc. Ce mouvement s’appelle l’altération (ἀλλοίωσις). Le mouvement selon le lieu va en général d’un endroit à un autre (πόθεν ποι) (Éth. Nic. X, 3, 1174 a, 30) et, plus spécialement, d’un des contraires à l’autre dans la catégorie du lieu : de l’arrière à l’avant, du droit au gauche, de haut au bas. Aristote, qui paraît inaugurer le mot comme tenue technique, lui donne le nom de translation (φορά[1]). Des trois sortes de mouvements

  1. Sur toute cette division des mouvements et sur le changement, voir Phys. V, 1 à partir de 224 b, 33 et ch. 2.