Page:Hamelin - Le Système d’Aristote.djvu/329

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sique, la cause, la raison d’être des substances et, seulement d’une façon indirecte, la cause du mouvement. Ce qui peut masquer la différence entre le point de vue de la Φυσικὴ ἀκρόασις et celui de la Métaphysique, c’est la manière dont se présente pour Aristote l’explication des substances. Les substances ne peuvent être créées ; car, aux yeux d’Aristote, la création n’a aucun sens. La matière est éternelle, la forme l’est aussi, et à plus forte raison. Expliquer une substance ne peut donc plus signifier qu’une chose : c’est montrer comment telle matière prend telle forme. Mais la matière prend une forme par le mouvement et, quand il s’agit d’une forme substantielle, par la génération. Le principe qui rend compte des substances n’est donc qu’un principe moteur. Mais la démonstration de l’existence du premier moteur a déjà été donnée par la Physique et, par conséquent, il se trouve que, sur ce point, la Métaphysique trouve la tâche toute faite. De fait le livre Λ ne fait que reprendre ou résumer la démonstration de la Φυσικὴ ἀκρόασις. Cela n’empêche pas que c’est seulement par un détour que les deux ouvrages arrivent en fin de compte à coïncider en ce qui regarde la démonstration du premier moteur.

Telle que le présente le VIIIe livre de la Physique et telle que nous voudrions l’exposer, cette démonstration est longue et laborieuse. Peut-être ne sera-t-il pas inutile d’en tracer d’abord le sommaire. Aristote établit en premier lieu l’éternité du mouvement et réfute les objections qu’on y a faites (ch. 1 et 2). Il examine ensuite si et jusqu’à quel point les divers êtres participent à l’immobilité et au mouvement (ch. 3). Après ces préliminaires, la démonstration proprement dite commence. Les êtres naturels eux-mêmes ont besoin d’être mus par quelque chose (ch. 4). Entre le dernier mû et le premier moteur il peut y avoir des intermédiaires ; mais on doit aboutir à un premier moteur, que celui-ci se meuve lui-même ou soit immobile. Mettons qu’on aboutisse à un moteur qui se meut lui-même ; un tel moteur se décompose en un mû purement mû et un moteur immobile. Ajoutons que l’existence d’un moteur immobile apparaît en outre directement comme rationnelle et néces-