Page:Hamelin - Le Système d’Aristote.djvu/330

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

saire (ch. 5). Le premier moteur, ou les premiers moteurs, est éternel, ou sont éternels ; s’il y a un mouvement continu et dès lors vraiment éternel, il faut au moins un moteur (ch. 6). Quel est le mouvement dont meut le premier moteur ? C’est une translation, et la translation circulaire, seule capable de continuité (ch. 7). Cette translation circulaire est infinie (ch. 8). Elle est le premier, le plus parfait des mouvements (ch. 9). N’est-il pas possible que quelque chose soit mû sans une action permanente et sans cesse renouvelée du moteur, et même que le mouvement de cette chose soit continu ? N’est-il pas possible qu’un moteur mû meuve d’un mouvement continu ? Le premier moteur est inétendu (ch. 10).

Reprenons un à un les divers articles de la démonstration, et tout d’abord voyons comment Aristote établit l’éternité du mouvement. Tous les physiciens, par cela même qu’ils sont des physiciens, supposent le mouvement. Mais au sujet de son éternité ils ne s’accordent pas. Ceux qui admettent une infinité de mondes naissant et périssant à l’infini admettent aussi l’éternité du mouvement ; ceux qui n’admettent qu’un seul monde sans éternité, ou même plusieurs mondes sans éternité, regardent en conséquence le mouvement comme n’étant pas éternel, et alors ils pensent ou bien, comme Anaxagore, que le mouvement a été précédé d’un repos sans durée déterminée, ou bien, comme Empédocle, que le repos et le mouvement se succèdent par périodes (1, déb.-251 a, 5). Il faut reprendre la question. Considérons le mouvement en nous attachant surtout au mobile. En vertu de la définition du mouvement comme actualisation du mobile, il faut, pour qu’il y ait mouvement, qu’il y ait des mobiles. Ceux-ci sont donc soit engendrés, soit éternels. S’ils sont engendrés, alors leur génération constitue un changement, et même, puisque la génération suppose le mouvement proprement dit, un mouvement avant le soi-disant commencement du mouvement. Si les mobiles sont éternellement préexistants, le repos est antérieur au mouvement ; or c’est ce qui ne se peut, parce que le repos n’est que la privation du mouvement. Donc, pour produire le repos, il a fallu un premier changement, et il y