Page:Hamelin - Le Système d’Aristote.djvu/348

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l’âme, moteur que nous considérons volontiers comme le premier de tous (260 b, 15-261 a, 26).

La translation est donc première. Mais puisqu’il y a plusieurs espèces de translation, quelle espèce de translation est première ? En répondant à la question, nous montrerons la vérité d’une proposition que nous avons supposée, savoir qu’il peut y avoir un mouvement continu et éternel. Aucun mouvement autre que la translation ne peut être continu. En effet tous les mouvements et changements sont limités par des termes. Donc, avant le commencement de chaque changement, le sujet était immobile dans l’état ou le lieu opposés à ceux vers lesquels tend le changement. Et il est impossible qu’il en soit autrement ; car le sujet serait engagé à la fois dans deux changements opposés ; et peu importe comment on entendra ici l’opposition, pourvu qu’elle entraîne l’incompatibilité des deux déterminations qu’on qualifie d’opposées. — D’ailleurs il paraîtrait absurde qu’un être fût engendré pour périr immédiatement après, et de même, par une généralisation conforme à l’esprit de la nature, pour les autres mouvements (261 a, 27-fin du ch.).

Mais, si les mouvements autres que la translation sont incapables d’être continus, il y a, parmi les translations, un mouvement qui, étant un et continu, peut être infini, savoir la translation circulaire. Le mouvement local comporte trois sortes de trajectoires : le cercle, la droite, ou une ligne mixte, une courbe qui participe à la fois de la droite et du cercle[1]. Si l’une des deux trajectoires simples exclut la continuité du mouvement qui la suit, de même en sera-t-il des trajectoires composées. Or un mobile qui suit une droite finie ne se meut pas d’un mouvement continu, du moins au delà d’un certain temps ; car, arrivé à une extrémité de la droite, il faut, pour se mouvoir encore, que le mobile revienne sur lui-même, et un mouvement qui revient sur lui-même est l’assemblage de deux mouvements contraires ; contraires, puisqu’ils sont définis

  1. Telle, par exemple, que l’hélice ; cf. un extrait du commentaire de Damascius sur De caelo I, dans Schol. 455 b, 22.