Page:Hamelin - Le Système d’Aristote.djvu/36

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pas naître et que mourir vaut mieux que vivre. Beaucoup d’hommes en ont reçu la confirmation par des témoignages divers. C’est ce qui est arrivé, dit-on, au fameux Midas notamment, après la chasse où il prit Silène. Comme il l’interrogeait et lui demandait ce qu’il y a de meilleur poulies hommes et de plus souhaitable entre tous les biens, Silène, d’abord, ne voulut rien dire et, silencieux, refusa toute parole. Puis, violemment pressé, par tous les moyens, de prononcer une réponse, contraint et forcé, il parla ainsi : “Fils éphémères d’un dieu laborieux et d’une fortune rebelle, pourquoi me contraignez-vous de dire ce qu’il serait meilleur pour vous de ne pas savoir ? Car la vie est le plus exempte de chagrins quand elle ignore les maux qui lui sont propres. Ce qui vaut le mieux pour les hommes, ce n’est point de naître et de participer par là à la nature de ce qu’il y a de plus excellent : ce qui vaut le mieux donc pour tous et pour toutes, c’est de ne pas naître ; et, après cela, le premier des autres biens possibles, mais le second des biens, c’est, étant nés, de mourir au plus vite.” Évidemment Silène voulait indiquer par là que l’existence dans la mort est supérieure à l’existence dans la vie. » (1481 a, 32-b, 18, cité par Plutarque, Consolatio ad Apollonium, p. 115 B sq.).