Page:Hamelin - Le Système d’Aristote.djvu/386

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a tout ce qu’il faut pour servir aux fonctions de l’âme, qui a tout ce qu’il faut, non pas seulement au point de vue anatomique comme un cadavre exempt de lésions, mais encore au point de vue physiologique. C’est la machine prête à fonctionner, en tant qu’on fait abstraction en elle de la condition la plus haute qui lui donne l’aptitude à fonctionner. Cette aptitude à fonctionner est précisément ce qu’Aristote appelle l’entéléchie première du corps. Nous avons vu (p. 326) que l’acte a plusieurs degrés. Le premier ou le plus bas est celui où la fonction va d’elle-même passer à l’acte plein, pourvu que rien d’extérieur ne l’en empêche. C’est en un mot l’habitude à laquelle il ne manque que l’exercice ou usage. Telle est l’âme, puisque l’âme n’exerce pas toujours ses fonctions, témoin l’âme animale pendant le sommeil. Ainsi l’âme a pour matière un corps organique et elle n’est pas l’acte le plus élevé de ce corps. Mais ces déterminations, quelque importantes qu’elles soient, ne sont pourtant que secondaires par rapport à l’idée principale de la définition : l’âme est la forme du corps. Avec cette idée tout s’éclaire, semble-t-il ; touchant la nature de l’âme et, d’autre part, touchant l’union de l’âme et ses rapports avec le corps. Lorsque Platon dit que l’âme est un mouvement qui se meut soi-même, ou Xénocrate, qu’elle est un nombre qui se meut soi-même, ces définitions sont sans doute d’une métaphysique plus avancée que l’âme matérielle, quoique subtile, de Démocrite, ou même que l’âme des Pythagoriciens. Cependant il subsiste peut-être encore au fond des conceptions de Platon et de Xénocrate quelque trace de matérialisme. Au contraire la définition aristotélicienne rompt tout à fait avec le matérialisme. Une forme n’est à aucun degré une chose matérielle : l’âme n’est plus aucunement un corps dans un corps. De Platon et d’Aristote, c’est certainement celui-ci qui se fait la notion la moins épaisse, la notion la plus idéaliste de l’âme. Quant à la question des rapports de l’âme avec le corps et, en général, de l’union de l’âme et du corps, elle est résolue de la façon la plus victorieuse. L’âme partage les affections du corps, comme toute forme partage les affections de sa matière ; elle ne fait qu’un avec