Page:Hamelin - Le Système d’Aristote.djvu/422

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de l’intelligent, ni d’une action exercée sur l’intellect par l’intelligible. Cependant ce n’est pas là, semble-t-il, le dernier mot d’Aristote. Il affirme trop énergiquement la vie de Dieu pour en revenir à faire de lui, par un détour, une Idée platonicienne, une loi morte. Dieu, pour Aristote, est et reste sujet en même temps qu’objet, et l’assertion qu’il est l’esprit mérite d’être prise dans le sens le plus propre et le plus plein. S’il est vrai que les autres êtres imitent le premier des êtres[1], on voit que la philosophie conceptuelle, idéalisme tout objectif chez Platon, tend déjà fortement chez Aristote à passer à l’idéalisme complet, pour qui un être est la synthèse d’un objet ou d’un sujet.


  1. De caelo I, 9, 279 a, 28 : ὅθεν [à partir de cette substance immortelle et divine qui est la fin de l’univers] καὶ τοῖς ἄλλοις ἐξήρτηται, τοῖς μὲν ἀκριβέστερον τοῖς δ’ ἀμαυρῶς, τὸ εἶναί τε καὶ ζῆν. C’est aussi sous le rapport de la finalité que le livre Λ de la Métaphysique, envisage cette action du modèle suprême, 7, 1072 b, 3, 14 : κινεῖ δὴ ὡς ἐρώμενον… ἐκ τοιαύτης ἄρα ἀρχῆς ἤρτηται ὁ οὐρανὸς καὶ ἡ φύσις. Par contre, dans le De gen. et corr. I, 3, 318 a, 1 sq., il la considère comme celle d’une cause efficiente : οὔσης δ’ αἰτίας μιᾶς μὲν ὅθεν τὴν ἀρχὴν εἶναί φαμεν τῆς κινήσεως… Cf. 7, 324 b, 43 sq. où les deux points de vue sont expressément opposés l’un à l’autre.