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Page:Hamelin - Le Système de Renouvier, 1927.djvu/34

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complet de la nature humaine et ce principe veut si bien être identique à la nature de l’individu ou au moins à quelque chose qui est dans l’individu et au besoin plus lui-même que lui, que le bonheur est tout de suite considéré comme le résultat de la conduite conforme au principe proposé (édit. Thomas, pp. 105-106). Si après cela l’individualisme absolu, la liberté illimitée, la liberté sans l’ordre, sont énergiquement repoussés (p. 190 et pp. 84-85), si même on avoue que le perfectionnement de chacun est solidaire de celui des autres hommes (p. 106), la perfection reste cependant un principe plus interne que l’ordre de la nature. Il reste quelque chose d’interne et d’individuel en tant même qu’il fonde les devoirs envers autrui, il le reste en ce sens que vouloir, à côté de sa propre perfection, la perfection dans les autres, c’est toujours vouloir le développement de natures individuelles. En tout ce qui touche à l’organisation sociale et politique, l’esprit individualiste est toujours présent dans le Manuel. La fin morale qui est assignée à la Société, fin à laquelle se subordonne la politique, est au fond individualiste ; le but est de faire de la Société une collection de souverains ou, en d’autres termes, l’idéal de l’auteur est par-dessus tout l’idéal démocratique. Aussi, malgré une part très sensible de préoccupations qu’on pourrait dire socialistes et qui provenaient certainement en grand nombre d’une origine saint-simonienne, nous devrons caractériser les vues politico-économiques du Manuel en disant, si nous voulons employer la langue d’aujourd’hui, qu’elles sont imprégnées non de l’esprit socialiste, mais de l’esprit radical-socialiste. L’auteur du Manuel républicain entend qu’on intervienne énergiquement dans les faits économiques, mais c’est pour assurer au plus grand nombre possible d’individus la jouissance de leurs droits. Le droit au travail, le droit à l’assistance, qu’il défend avec vigueur, sont des droits de l’individu. S’il veut qu’on empêche la concentration des propriétés en un petit nombre de mains, s’il veut — passage qui déchaîna plus que tout autre une tempête parlementaire contre le Manuel — qu’on ne laisse pas les riches manger les pauvres, il maintient pourtant la propriété individuelle (p. 165). Seulement son programme radical-socialiste est ce qu’on peut, dans le genre, imaginer de