celle-ci en de longs progrès. Il apparaîtra manifestement que le physicien se borne toujours à rapporter un phénomène à un autre ou à d’autres. Toutefois l’observation de la pensée des physiciens dans son histoire est encore beaucoup plus instructive. Elle nous montre les physiciens, dont le problème général se confondait presque d’ailleurs avec celui des philosophes (parenté instructive pour nous), s’interrogeant d’abord sur la nature de la substance matérielle, puis sur celle de certaines essences. Puis, peut-être parce que la matière et les essences apparaissent comme n’offrant que peu de sens et très sûrement parce que la matière et les essences sont plus que nous ne savons, et en tout cas plus que nous ne savons pour commencer, on voit peu à peu la recherche sur la matière et les essences céder le pas à l’étude des relations entre les phénomènes. M. Renouvier, qui est revenu plusieurs fois sur cet argument, y attache autant d’importance qu’Auguste Comte et il reconnaît que Comte, qui n’a pas fait la moindre analyse pour justifier la relativité de la connaissance, qui n’a donc pu la professer que dogmatiquement en un sens, a du moins bien compris l’enseignement qui doit résulter pour nous du développement historique de la méthode dans les sciences physiques et il a très heureusement formulé la méthode à laquelle aboutit ce développement (Crit. phil., 1884, II, 135, 161, 164-165). — Le troisième des arguments que nous avons annoncés résulte du développement non plus de la physique mais de la philosophie, surtout de la philosophie dans les temps modernes. Ainsi que Comte lui-même n’a pas laissé d’en convenir, notamment dans une lettre de 1824 à G. d’Eichthal (Crit. phil., ib., p. 135) où il parle de Kant, Hume et Kant ont très bien su reconnaître que toute connaissance est relative. Et il faut même dire plus ce sont les écoles les plus diverses qui semblent s’acheminer toutes vers le principe de la relativité et y trouver un terrain d’accord : empiristes et rationalistes s’y rencontrent (Log., I, 73).
Mais la preuve décisive de la relativité de la connaissance et de ses objets, celle qui a été historiquement décisive dans l’évolution de la pensée de M. Renouvier et qui est restée à ses yeux décisive en droit, s’appuie sur une considération plus appro-