Page:Hamelin - Le Système de Renouvier, 1927.djvu/82

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fondie de la nature des phénomènes et elle nous mène jusqu’à l’idée que M. Renouvier s’est faite de l’essence de la relation. Nous avons vu que la seconde philosophie de M. Renouvier a pour idée pivotale la répudiation de l’infini en acte et, par suite, l’abandon du réalisme touchant l’espace et le temps. La plus importante des conséquences qui découlaient, pour la méthode, de cette conception nouvelle des quantités continues, c’était, nous dit M. Renouvier (Esquisse, II, 384), le principe de relativité. En effet, du moment que les éléments derniers de la quantité continue ne peuvent pas être atteints, ne peuvent pas être donnés sous la forme d’indivisibles infiniment petits, il n’y a donc pas au fond de l’espace et du temps des réalités qu’on puisse considérer en elles-mêmes, poser comme existant en soi indépendamment de toute autre chose. Il apparaît clairement au contraire qu’un fragment quelconque d’une quantité continue s’appuie sur la donnée d’éléments inclus en elle. Elle n’existe que par ses éléments, elle dépend d’eux, est relative à eux. Par suite tout ce qui tombe sous l’espace et le temps (tous les représentés au sens fort du mot) devient relatif. Partant de là, M. Renouvier fit aisément un dernier pas il découvrit aussi la relation au fond des phénomènes représentatifs et dès lors il fut convaincu que tout phénomène sans exception implique toujours des rapports, ou, autrement dit, que toute connaissance est relative.

La relation

Cette preuve suppose très évidemment une définition de la relation, et c’est à cette définition que M. Renouvier s’en est tenu, se faisant fort seulement de ramener à sa définition celles que d’autres penseurs ont proposées. Dans la seconde édition du Premier Essai, car la première ne s’occupait point de cette réduction, M. Renouvier se reporte au passage de la Philosophie de Hamilton que Stuart Mill a consacré à la relativité de la connaissance, et il y trouve distingués deux sens dans lesquels on peut entendre la relativité de la connaissance. Le premier est que tout fait de conscience exprime une différence, c’est-à-dire