Page:Hamelin - Le Système de Renouvier, 1927.djvu/90

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simple constatation qu’il dit avec Comte : il n’y a que, et, avant tout il y a des faits et des lois. Il est vrai que l’existence des lois sera établie plus tard, au moins celle des lois fondamentales, nous aurons à voir comment. Pour l’instant, ce qui importe, c’est de faire ressortir le sens de la définition de la loi. En premier lieu la loi est assimilée aux autres phénomènes, elle est appelée elle-même un phénomène. Rien en cela que de parfaitement conséquent avec l’effort qui a été fait pour donner au mot de phénomène un sens suffisamment large. L’entendît-on d’une façon plus rationaliste et notionaliste que l’auteur, que cela n’empêcherait pas la loi de pouvoir être dite un phénomène. La loi est sûrement dans la représentation, est une représentation et une représentation est un phénomène : ce sont deux mots coextensifs Au reste on aurait tort de croire qu’il s’agit d’une simple question de nomenclature. Nous aurons à voir un peu plus tard que l’immanence de la loi dans les phénomènes est ainsi fortement posée. — En second lieu nous devons remarquer l’analogie étroite qui existe entre la définition de la loi chez Comte et chez M. Renouvier. La loi pour Comte se définissait une relation constante de succession ou de similitude et quelque idée de liaison interne et intime qui pût se cacher chez lui sous ce simple mot de relation, il n’en est pas moins vrai que le caractère sur lequel Comte a voulu mettre l’accent, c’est la constance, c’est la généralité du rapport qui reçoit le nom de loi. Au premier plan de la définition de M. Renouvier on trouve ce même caractère. M. Renouvier n’indique nulle part dans toute la partie du Premier Essai qui nous occupe qu’un rapport singulier puisse à ses yeux être une loi. Au moins faudrait-il que ce rapport déployât son action à travers une longue suite de temps. S’il n’a pas la constance par la durée ou par le fait qu’il se répète, ce n’est pas une loi pour M. Renouvier, au moins ici et au point où nous en sommes de sa seconde philosophie. — En troisième lieu nous devons signaler la raison qu’a M. Renouvier de définir la loi par la constance, par la régularité, par la généralité. Ici il se sépare nettement de Comte. Sans doute on peut dire, à juste titre, que tous les deux mettent en saillie la constance de la loi parce que c’est là le caractère empirique de la loi et que tous les deux