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une pleine et entière nécessité. Il serait trop facile de faire voir qu’il y a quelque chose de dérisoire à vouloir presque réduire les lois à de certains ensembles de régularités acquis et constatés dans l’expérience (ibid.) et surtout qu’il est impossible de ne pas voir une loi dans la liaison nécessaire qui rattacherait à ses conditions un phénomène qui ne se produirait qu’une seule fois dans l’univers[1].

Telles sont les remarques dont on ne pouvait se dispenser si l’on voulait faire comprendre la portée de la définition de la loi par M. Renouvier. Indiquons, avant de passer à l’usage de la notion de loi pour la définition de l’être et du savoir, une définition complémentaire qui a son importance dans la philosophie de notre auteur. Il s’agit de la définition d’une espèce particulière de loi. Au sens où M. Renouvier a pris la loi, les phénomènes qu’elle lie sont considérés comme invariables. On peut au contraire considérer des cas où certains phénomènes varient parce que ceux auxquels ils sont liés varient eux-mêmes. Ce genre de liaison est désigné par les mathématiciens sous le nom de fonction, et M. Renouvier généralise l’emploi de ce terme en l’appliquant en dehors du domaine de la quantité aussi bien qu’en dedans.

La loi et l’Être

Au moyen des notions de loi et de fonction, disons au moyen de la notion de loi, M. Renouvier définit l’être et les êtres, puis le savoir. L’être se prend en deux sens : il y a l’être comme copule et il y a l’être qui est ou semble absolu. Le premier est évidemment identique à la loi puisque c’est une relation de phénomènes, un phénomène composé et de plus présentant de la constance ; et en effet on trouve le meilleur exemple de l’être pris en ce sens dans l’attribution fixe d’un prédicat à un sujet, c’est-à-dire d’un phénomène à un groupe constant de phénomènes. Pour l’être absolu, celui qui consiste à poser l’existence, il ne se ramène pas entièrement à la loi. Il ne peut pas être sans

  1. Comparer avec les passages de l’Essai sur les éléments principaux, etc., 2e éd., p. 226-227 et aussi p. 184.